Sciences humaines et sociales / Littérature
Une fois ce cadre conceptuel établi, on tâchera de le mettre à l’épreuve, en interrogeant une série d’œuvres prélevées dans un "réservoir" comprenant les travaux d’Édouard Levé, Michel Houellebecq, Svetlana Alexievitch, Valérie Mréjen, Georges Perec, Joseph Mitchell, Joe Brainard, Guy Debord, Patrick Modiano, Nathalie Quintane, Antonin Artaud, Annie Ernaux, Paul Auster, Alison Bechdel, Maggie Nelson, etc.
À chaque fois, la réflexion sur un.e écrivain.e sera initiée par des considérations contextuelles permettant de faire apparaître la singularité de l’œuvre envisagée en la resituant par rapport à des enjeux plus larges : par exemple, le problème des interférences entre littérature et pratiques issues du monde de l’art contemporain, le débat sur la possibilité d’une prise en charge de l’indicible par le langage, le rapport de l’écriture autobiographique à la mort ou à la dialectique singularité/collectivité, etc.
En se penchant sur des "objets-limites" dont la littérarité fait question, le cours s’articulera notamment autour d’une problématique récurrente : la mise en déroute des modèles narratifs orthodoxes (structures linéaires proposant des agencements d’événements fondés sur des liens de causalité) par des formes d’écriture cherchant à "épuiser" le réel et illustrant la compulsion d’exhaustivité à l’œuvre chez bien des autobiographes.
• d’alterner mise en évidence de phénomènes d’ensemble (distant reading) et focus faisant droit aux singularités d’écriture des œuvres (close reading). Plus précisément, on veillera à adopter par rapport aux objets d’étude un double point de vue - 1/ esthétique ou "interne" (attention portée aux créateur.trice.s comme agents capables d’innovation, et à l’œuvre comme entité autonome, tirant parti de formes et de figures spécifiques pour produire certains effets) ; 2/ diachronique (point de vue sociologique et transhistorique réinscrivant les œuvres dans les contextes culturels, sociaux et médiatiques qui les rendent possibles, et mettant en exergue les continuités, filiations, mutations et ruptures qui scandent l’histoire littéraire).
• de mettre en évidence la capacité de la littérature, en tant que moyen d’expression, à agir 1/ comme révélateur et espace de traitement des tensions qui agitent les sociétés, 2/ comme acteur à part entière du débat public, et 3/, plus globalement, comme vecteur d’un questionnement adressé à la condition humaine.
• d’introduire aux usages variés dont la "chose littéraire" fait l’objet (pratiques de déterritorialisation, d’hybridation, etc.), dans une perspective résolument interdisciplinaire et en ouvrant la discussion à d’autres lieux que ceux envisagés traditionnellement lorsqu’il est question de littérature (musée, télévision, web, etc.).
Des supports PowerPoint (à compléter par la prise de notes) sont communiqués aux étudiant.e.s.