Neutralité
Crédits
2 crédits / 20h
Professeurs
Simon Brunfaut
Contenu du cours
L’évolution des sociétés a entraîné dans nos communautés scolaires un pluralisme de fait quant aux cultures, convictions religieuses ou philoso- phiques. Cette activité d’apprentissage propose à l’étudiant de réfléchir,
à partir du concept de neutralité, à cette réalité que l’on ne peut minimiser au risque de voir surgir des conflits liés à l’incompréhension mutuelle. Sans une ouverture du débat répondant aux exigences de la neutralité,
la cohabitation des discours est impossible.
Dans le contexte scolaire actuel, le concept de neutralité est à la fois décisif et flou. Face à la diversité des cultures, on assiste à l’émergence de situa- tions nouvelles et complexes. Le concept de neutralité doit-il être modifié au vu des bouleversements présents dans la société ? Peut-on encore se contenter d’une neutralité de principe, ou doit-il exister une neutralité active qui s’attèle à exiger l’objectivité et la fin des particularismes ?
Pour répondre à ces questions, ce cours entend réfléchir au problème de la neutralité à partir de deux notions fondamentales qui lui sont générale- ment connexes : l’objectivité et la laïcité.
Une première partie sera consacrée à la notion d’« objectivité » qui sera analysée du point de vue de la philosophie.
En philosophie, on remarque que l’objectivité est considérée comme ce qui
se rapporte à l’objet de la connaissance. Un jugement est objectif s’il est conforme à son objet. L’objectivité désigne donc un certain accord entre la pensée et le réel. Est donc considéré comme objectif quelque chose qui ne dépend pas de moi et peut dès lors être considéré comme valable pour tous (universel). À l’inverse, est considéré comme subjectif ce qui se rapporte au sujet de la connaissance. Ce qui est subjectif dépend de moi ou d’un point
de vue particulier. Un jugement est considéré comme subjectif s’il reflète les passions, les sentiments, les préjugés et les choix personnels d’un individu. Pour cette raison, la subjectivité est très souvent assimilée à l’idée de partia- lité et le subjectivisme débouche habituellement sur un relativisme universel. Le paradoxe de l’objectivité vient du fait que la connaissance objective, qui exige le dépassement de la subjectivité, n’est possible que grâce à la subjectivité : en effet, il n’y a pas d’objet connu sans sujet de connaissance. Une connais- sance totalement indépendante du sujet se présente donc comme une illusion. Cette question renvoie aussi à la relation aux autres : ai-je besoin des autres pour être objectif ?
Le problème philosophique de l’objectivité consiste donc à déterminer les critères et le fondement de l’objectivité de la connaissance, notamment en science. Pour mieux comprendre ce dernier point, le cours s’attachera à distinguer, dans une deuxième partie, la position des Modernes et de l’Antiquité au sujet de la question de l’objectivité.
D’une façon plus générale, les sciences humaines peuvent-elles être objec- tives ? Si oui, leurs conditions d’objectivité peuvent-elles se réduire à celles des sciences de la nature ? L’objectivité est-elle synonyme de neutralité ? Existe-il plusieurs formes de neutralité (philosophique, politique, juridique, religieuse, etc.) ? Comment comprendre cette exigence de neutralité dans l’enseignement et son lien avec le pouvoir politique ?
Dans une troisième partie, la laïcité sera analysée elle aussi du point de vue de la philosophie. La laïcité est-elle précisément une position de neutralité ? Les concept de laïcité et de neutralité sont-ils équivalents ? N’existe-t-il pas à ce niveau une différence entre l’émancipation que porte l’idée de laïcité et la notion de liberté qui semble quant à elle reliée au concept de neutralité ?
Type d’activité
Mode d’enseignement
Modalités d’évaluation