Littérature / Générale
Au départ du texte de Barthes, il s’agira, dans un premier temps, de s’interroger sur les origines et les principaux facteurs explicatifs de l’option théorique illustrée par cet "écrit-manifeste", avant, dans un second temps, d’envisager les modalités d’expression de celle-ci dans une série de textes. À cet effet, on convoquera des œuvres puisées dans un "réservoir" comportant les travaux d’écrivain.e.s comme Clarice Lispector, Stéphane Mallarmé, Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Gustave Flaubert, Paul Valéry, Maurice Blanchot, Raymond Roussel, Virginia Woolf, Jorge Luis Borges, Vanessa Place, Kenneth Goldsmith, William S. Burroughs, Marie Darrieussecq, Monique Wittig, etc.
Le parcours veillera à ménager des espaces de réflexion traitant de dispositions et de questions associées au principe de la "mort de l’auteur" : on reviendra ainsi, notamment :
• sur la place extrêmement réduite accordée aux femmes dans l’histoire de la littérature et, plus globalement, de la culture (sur ce point, sans doute faudrait-il parler d’une "mort de l’autrice", pour une bonne part programmée par ceux que Virginia Woolf appelait les "patriarches") ;
• sur les mécanismes de sacralisation/désacralisation qui s’appliquent depuis l’âge romantique à la "chose littéraire" ;
• sur le songe récurrent, cultivé notamment par les avant-gardes, d’une indistinction entre la vie et l’art, songe qui culmine éventuellement dans la récusation de la culture en tant qu’institution ;
• sur l’extrême fragilité des frontières du "littéraire", qui engage à se confronter à une série de problèmes aux résonances très contemporaines : celui de l’œuvre absente, raturée, ou invisible ; celui du ready-made, de la citation et du "plagiat" ; celui du style comme marque distinctive du sujet ; celle de la soif de reconnaissance et du narcissisme de l’artiste ; etc.
• d’alterner mise en évidence de phénomènes d’ensemble (distant reading) et focus faisant droit aux singularités d’écriture des œuvres (close reading). Plus précisément, on veillera à adopter par rapport aux objets d’étude un double point de vue - 1/ esthétique ou "interne" (attention portée aux créateur.trice.s comme agents capables d’innovation, et à l’œuvre comme entité autonome, tirant parti de formes et de figures spécifiques pour produire certains effets) ; 2/ diachronique (point de vue sociologique et transhistorique réinscrivant les œuvres dans les contextes culturels, sociaux et médiatiques qui les rendent possibles, et mettant en exergue les continuités, filiations, mutations et ruptures qui scandent l’histoire littéraire).
• de mettre en évidence la capacité de la littérature, en tant que moyen d’expression, à agir 1/ comme révélateur et espace de traitement des tensions qui agitent les sociétés, 2/ comme acteur à part entière du débat public, et 3/, plus globalement, comme vecteur d’un questionnement adressé à la condition humaine.
• d’introduire aux usages variés dont la "chose littéraire" fait l’objet (pratiques de déterritorialisation, d’hybridation, etc.), dans une perspective résolument interdisciplinaire et en ouvrant la discussion à d’autres lieux que ceux envisagés traditionnellement lorsqu’il est question de littérature (musée, télévision, web, etc.).
Des supports PowerPoint (à compléter par la prise de notes) sont communiqués aux étudiant.e.s.