Littérature générale
Cette réflexion inaugurale mènera ensuite vers l’évocation de 1 the Road (2018), œuvre d’une AI imaginée par Ross Goodwin ; les questionnements déployés sur base de ce texte permettront d’identifier les fils rouges du cours : rapports entre littérature et supports techniques, problématisation de la notion d’"auctorialité", remise en perspective de données contextuelles (sociales et culturelles) par les textes littéraires.
On abordera alors le rôle précurseur de l’Oulipo dans la mise au point et la diffusion d’une "littérature assistée par ordinateurs" - Queneau et ses Cent mille milliards de poèmes, ainsi que, dans une moindre mesure, Italo Calvino, seront aux avant-postes ! Une petite préhistoire des générateurs informatiques de textes conduira ensuite à une présentations des enjeux associés à la littérature hypertextuelle, qu’on rapprochera d’une veine plus ancienne (en partie relayée par la vieille technologie du papier), qualifiée de "cybertextuelle" par Espen Aarseth.
À cette section, essentiellement dévolue à des œuvres de fiction, succèdera un bref retour sur quelques-uns des courants de la poésie électronique (poésie animée, poésie interactive, code poetry...), dont on montrera tout ce qu’ils doivent aux expérimentations bien antérieures des dadaïstes et des concrétistes.
Enfin, on se penchera sur une galerie d’écrivains/intellectuels plus ou moins contemporains dont les pratiques et les idées nous inviteront à remettre en perspective et à alimenter théoriquement certaines propositions du cours. Seront ainsi abordés Kenneth Goldsmith et son éloge de l’écriture sans écriture, Roland Barthes et son injonction pressante à "tuer" l’Auteur, Jorge Luis Borges et son intimidante Bibliothèque de Babel, et William Burroughs et la technique du cut up.
• d’alterner mise en évidence de phénomènes d’ensemble (distant reading) et focus faisant droit aux singularités d’écriture des œuvres (close reading). Plus précisément, on veillera à adopter par rapport aux objets d’étude un double point de vue - 1/ esthétique ou "interne" (attention portée aux créateur.trice.s comme agents capables d’innovation, et à l’œuvre comme entité autonome, tirant parti de formes et de figures spécifiques pour produire certains effets) ; 2/ diachronique (point de vue sociologique et transhistorique réinscrivant les œuvres dans les contextes culturels, sociaux et médiatiques qui les rendent possibles, et mettant en exergue les continuités, filiations, mutations et ruptures qui scandent l’histoire littéraire).
• de mettre en évidence la capacité de la littérature, en tant que moyen d’expression, à agir 1/ comme révélateur et espace de traitement des tensions qui agitent les sociétés, 2/ comme acteur à part entière du débat public, et 3/, plus globalement, comme vecteur d’un questionnement adressé à la condition humaine.
• d’introduire aux usages variés dont la "chose littéraire" fait l’objet (pratiques de déterritorialisation, d’hybridation, etc.), dans une perspective résolument interdisciplinaire et en ouvrant la discussion à d’autres lieux que ceux envisagés traditionnellement lorsqu’il est question de littérature (musée, télévision, web, etc.).
Des supports PowerPoint (à compléter par la prise de notes) sont communiqués aux étudiant.e.s.